Comment voyager avec un saumon (1992, Umberto Eco)
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Même si je ne m'en réclame pas nécessairement, la sémiotique ne m'a jamais totalement quitté depuis sa découverte, il y a une dizaine ou quinzaine d'année de cela. Mon travail grammatical s'en réclame parfois, mon analyse du jeu vidéo y trouve un cadre. Umberto Eco a été l'un de mes pionniers.
On le connaît bien pour son activité romanesque, Le Nom de la rose, Le Pendule de Foucault qui fut l'un de mes romans d'adolescence, et pour ses travaux de recherche évidemment, mais ces pastilles parues dans les journaux méritent un détour intéressé. C'est là une collection de broutilles et de nouvelles, un florilège de réflexions éparses qui parfois étonnent, toujours amusent : j'avais picoré ce recueil avec un plaisir inédit, jadis, et j'y reviens encore à l'occasion.
L'art de la brève, de la concentration dans l'espace le plus étroit, est un talent particulier que j'ai toujours cherché à développer. Je pense m'être amélioré, moi qui tirais souvent à la ligne. Il faut dire que les contraintes de l'écriture académique, qui imposent à la courtesse, m'ont appris les bienfaits de la limite.
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Au fur et à mesure du temps, je redécouvre certaines de ces miscellanées. Elles font effectivement la part belle au petit quotidien de la vie académique, aux nuits d'hôtel éparpillées un peu partout, aux valises qui se brisent sur les quais, à la recherche de la référence exacte d'une œuvre dont on ne parvient pas à retracer l'origine précise. Tout particulièrement, ce calcul savant du temps passé aux activités de recherche, qui additionné donne le vertige, n'est pas sans écho avec ma situation présente, même si, en la matière, je ne suis pas le plus à plaindre.
C'est cependant encore la légèreté du ton, le dandysme du récit que je retiendrais le mieux ici. Il est souvent difficile, et notoirement quand on fraie dans le milieu académique, de ne pas sombrer dans le mandarin ou le précieux, j'en suis coupable assez souvent même si je vise, là encore, à me corriger. Il n'y aura pas de cela ici : Umberto Eco est délicieux, charmant et charmeur, érudit et sage, et il faut plonger absolument dans ce recueil qui convaincra, je crois, tout le monde.
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