Boucan d'enfer (2002, Renaud)

Publié le par GouxMathieu

   Je repense à Renaud, ces derniers temps. On pourra s'en moquer et regretter ces derniers morceaux, que je n'ai moi-même que peu goûtés, mais il reste un artiste important pour ma formation intellectuelle, poétique et sensible. Boucan d'enfer m'a accompagné pendant mes années d'adolescence, avec un grand plaisir.

 

   J'avais déjà parlé de deux albums du chanteur jadis, sans doute le plus réussi, et mon préféré. Boucan d'enfer est une autre catégorie encore : il sortit à un âge où je connaissais déjà le chanteur, et après un hiatus de huit années, qui me faisait douter de voir un jour sortir un nouvel album de sa part. J'étais au lycée alors, la sortie de l'album était un petit événement : je m'en souviens bien.

   Découvrir Boucan d'enfer, alors que j'étais encore jeune, fut une expérience intrigante. Cet album s'annonçait comme un retour, mais il avait aussi le goût de la fin. Certaines chansons, "Tout arrêter..." et "Mon bistrot préféré" sonnaient comme une conclusion, et il se lit l'envie d'arrêter, de se cacher, de ne plus rien faire. Je ne savais encore ce que l'avenir me réservait, et on m'offrait des ténèbres mélancoliques.

    Les chansons les plus réussies de l'album, sans surprise particulière, sont celles que l'on retint jusque là. "Docteur Renaud, Mister Renard", "Manhattan-Kaboul", "Mon nain de jardin"... je les fredonne encore, même si elles peuvent parfois paraître surannées. D'autres, moins citées peut-être, me plurent tout autant : "Elle a vu le loup" ou "Baltique" gardaient cette tendresse propre au chanteur, qui m'avait fait venir vers lui.

   En revenant à l'album, des vingt ans plus tard, je peine à trouver une chanson ici que je trouve moins réussie, ou passable. Elles ont toutes quelque chose pour plaire, toutes un petit mérite. Au-delà de la nostalgie que je ressens, légitimement, pour cette œuvre, je pense qu'il y a là quelque chose d'unique, qui la consacre comme une sorte d'épilogue, qui sera repoussé comme on le sait, mais agréable cependant. J'ai grandi avec Renaud, il m'a quitté depuis : dans mon cœur, Boucan d'enfer reste le visage que je retiendrai.

Commenter cet article