Boule de Suif (1880, Maupassant)

Publié le par GouxMathieu

   On a toutes et tous ces anecdotes sur les textes lus en cours de français, au collège ou au lycée, souvent d'ailleurs avec de sévères critiques sur la sélection proposée. Je suis plutôt d'accord ou, du moins, d'accord sur certains endroits ; mais cette nouvelle, pourtant, a forgé assez ma sensibilité.

 

 

   C'était, non pas à Carthage, mais en quatrième, et on faisait tout un cours sur la narration, le récit, le réalisme et le naturalisme : on nous faisait écrire, je crois, de petites histoires qui devaient mettre l'accent sur ces choses-là. Et puis, on nous faisait lire, et j'étais plutôt studieux. Comme j'ai eu à le dire ailleurs, la littérature ne faisait pas vraiment partie des habitudes familiales, et c'est par l'école que je rentrais dans cet art.

   Des œuvres que je découvris ainsi dans le secondaire, quelques unes sont restées avec moi. J'ai parlé jadis de Bérénice, qui reste encore à ce jour ma tragédie préférée ; ou encore de Cinna. En prose, j'ai des souvenirs plus diffus étrangement, peut-être parce qu'on ne lisait que des extraits, et non des textes entiers. Boule de Suif est une belle exception.

   Il y a, dans ce roman, quelque chose qui m'avait extraordinairement plu. Plusieurs choses, en vérité, à commencer par la dignité et la force d'âme d'Élisabeth Rousset, ladite "Boule de Suif", à laquelle je m'identifiais beaucoup (à la fois pour son physique, mais aussi pour sa morale indéfectible, que je voulais avoir) ; mais aussi la mesquinerie et la méchanceté de ses compagnons de route, que je ne comprenais absolument pas mais que je ressentais dans ma chair. De loin, les bourgeoises et les bourgeois étaient plus dangereux que le Prussien.

   De Maupassant, j'ai depuis peu lu de choses. Pierre et Jean m'a laissé plutôt froid, j'ai assez aimé Fort comme la mort ; mais sans dénier absolument le talent de l'auteur, son œuvre n'est pas celle vers laquelle je gravite le plus facilement. Boule de Suif demeure cependant l'exception notable, et de le relire et d'y repenser, ça me fait pleurer : elle méritait mieux que ça, et ces gens sont vraiment détestables.

 

Commenter cet article