Marzi (2005 - en cours, Sylvain Sovaia et Marzena Sowa)

Publié le par gouxmathieu.over-blog.fr

http://gouxmathieu.free.fr/RessourceImages/Marziico.jpgJ'ai découvert cette bande dessinée par le plus complet des hasards, en lisant le magazine Spirou ; je suis immédiatement tombé sous le charme d'un dessin épuré mais clair et surtout, surtout, d'une histoire fort agréable. Je suis depuis un inconditionnel de la série, et j'attends avec grand plaisir les prochains tomes.
 
 


  La scénariste, en effet, se met en scène ; plus précisément, elle raconte son enfance, de sa prime jeunesse à son adolescence. De la vie dans une Pologne communiste à la chute du Mur du Berlin, en passant par l'accident de Tchernobyl, la révolte des ouvriers, les privations, la queue devant les épiceries.

   Mais contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas ici une bande dessinée politiquement engagée. Tout est perçu à travers le regard de cette timide enfant, frêle et maigre comme un moineau, qui ne saisit que peu ce qui se déroule autour d'elle : nous ne sommes donc pas dans une réécriture de Mafalda comme je le pressentais de prime abord, mais bien dans une vision purement intime, touchante même par moment. À un âge où les rares préoccupations restent l'école, la télévision ou les vacances, les déboires des adultes passent loin, si loin, nimbés de "tu comprendras plus tard" et de "tu n'as pas l'âge pour cela". Ainsi, la question politique n'est abordée que de façon oblique, biaisée, la référence, si elle apparaît claire pour nous, ne l'était pas pour ce petit brin de femme. Et c'est ce qui fait tout le charme de cette BD. Rares sont celles qui purent en réalité m'offrir ces petits moments de bonheur. J'en ai pleuré parfois. Une histoire notamment.

   C'est l'effervescence dans la ville : l'épicerie du coin vient d'avoir une cargaison d'oranges, la première depuis des mois. Tous se précipitent, Marzi déjà se les imagine, elle s'en délecte. Mais une grosse dame impatiente lui vole son tour, et elle se retrouve les mains vides. Elle rentre chez elle en pleurs, raconte la mésaventure à ses parents... Quelques menaces plus tard, elle parvient à mordre les pommes d'or. Et tandis qu'à ses côtés sa mère hurle que cela "ne peut plus durer comme cela", elle s'endort paisiblement... "Les oranges sentent bon en moi". Cela me suffit à m'émouvoir.

   Bref, je ne peux que conseiller ce petit monceau de bonheur offert comme un bout de chocolat. On lit vite, trop vite peut-être : mais chaque case, chaque ligne mérite d'être pesée. L'humour côtoie un tragique léger, pour un rendu global incomparable.

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