The Legend of Zelda: A Link To the Past (1991, Nintendo)

Publié le par GouxMathieu

http://gouxmathieu.free.fr/RessourceImages/ALTTPico.jpg  Tellement de choses à dire, si peu de temps. Ce jeu porte une place toute particulière dans mon coeur, au même titre que les Beatles ou Bérénice de Racine ; sa découverte, alors que je n'étais qu'au collège, forgea  durablement mon âme et mon esprit, et sans nul doute ne serais-je point ce que je suis aujourd'hui si je ne l'avais jamais connu.

 

   Cela se fit pourtant de manière parfaitement fortuite. J'avais entendu maintes fois  parler de cette "légende", comme un des plus brillants jeux qui n'aient jamais été produits ; je le découvris en vente, à prix bradé, bien que neuf, dans une boutique de mon quartier ; je l'acquérais par  curiosité, le lançais, je n'y comprenais rien ; je mourus passées cinq minutes de jeu et, de rage, stocka l'achat dans une armoire, sans y retoucher pendant une année entière. Puis, comme pris d'une soudaine  envie, je m'y replongeai, et en ressortis plus enfiévré que jamais.

  Car il reste pour moi un jeu exigeant, pour lequel il faut de l'investissement, et pour tout dire, du temps. Je n'étais à l'époque pas assez patient. A présent que je l'ai fait et refait un nombre incalculable de fois, je puis dire sans mentir que je le connais sur le bout des ongles.

   Un peu d'histoire, d'abord absolue puis relative. En un monde perdu, trois déesses vinrent créer la vie. Une fois leur ouvrage achevé, elles laissèrent derrière elle un artefact, trois triangles d'or réunis en un  seul, la "Triforce", quelque part, dans une lande appelée "Terre d'Or". On disait que celui qui s'en emparerait verrait tous ses désirs se réaliser, et les Hommes, alors, lancèrent de grandes expéditions vers  ce pays caché, en vain.

   Mille ans passèrent. Un jour, un malandrin, du nom de Mandrag Ganon, dit "Ganon des voleurs enchantés", parvint, grâce à la magie, à s'introduire dans ce pays d'or et à trouver la Triforce. Alors qu'il  s'en empara, les ténèbres recouvrirent la Terre d'Or et Mandrag Ganon, devenu "Ganon, Roi des Ténèbres", lança une immense armée à la conquête des Royaumes pour étendre son courroux. Une  grande guerre s'ensuivit, connue sous le nom de "Guerre du Sceau", au cours de laquelle sept sages parvinrent, au prix de nombreuses vies, à enfermer le mal dans la Terre d'Or. Ce dernier, voyant les  portes se refermer devant lui, hurla sa colère et jura, coûte que coûte, de revenir se venger un jour.

   L'Histoire devint mythe. Dans le paisible Royaume d'Hyrule, de grands malheurs survinrent : mort du bétail, famine, peste. Le Roi était désemparé. Un jour, un sorcier venu du désert, à l'Ouest, du nom  d'Aganhim, usant d'une magie inconnue encore à ce jour, leva toutes les malédictions et fut promu noble. Mais on dit que depuis, le Royaume lui appartient, que le Roi est mort, qu'il dirige le pays, que de jeunes filles, ça et là, disparaissent brutalement. Non loin du château, un enfant entend dans ses rêves une princesse appeler à l'aide... À son réveil, son oncle, harnaché comme pour un combat, s'enfuit dans  la nuit noire, en lui demandant de rester couché. Le petit garçon se lève, et c'est à cet instant que le joueur intervient.

   Les slogans de l'époque disaient : "Vous croyez en avoir fini, mais ce n'est que le commencement." Force est de constater qu'ils avaient raison. Le jeu, une fois les commandes de bases assimilées (car il reste plus proche du jeu d'action que d'un RPG), semble s'achever assez rapidement. Puis, astuce scénaristique dantesque, qui me fit frémir et sentir que je "perdais le contrôle"... un monde deux fois plus vaste s'ouvre alors devant nous, où on ne sait guère que faire, ni où aller. Sans que la sensation de liberté soit totale, car les chemins sont balisés, les zones sont labyrinthiques, et mettent à profit, souvent,  notre sens de l'orientation. Il s'agit généralement de trouver un objet permettant d'ouvrir une nouvelle voie sur la carte, ou bien de rebrousser chemin, au cas où, l'histoire avançant, cet élément qui nous  bloquait la route disparaisse alors.

   Troisième épisode de la saga The Legend of Zelda, l'opus peut se lire comme une "refonte" graphique du premier, sorti sur Nes quelques cinq ans auparavant. On y retrouve une "vue du dessus",  l'opposition monde extérieur / monde souterrain, et, grossièrement, il s'agit d'explorer, dans un ordre plus ou moins fixé, un certain nombre de palais. Chacun d'entre eux abrite un objet, essentiel pour la  suite de l'aventure (arme ou élément permettant de libérer un nouveau chemin) et un gardien, qui détient une pierre magique. L'obtention de toutes les pierres permet d'accéder au dernier palais, et enfn de  vaincre le dernier gardien.

   Ce qui surprend peut-être davantage, c'est la cohérence (limitée, certes, mais fort bien pensée à l'époque) de l'univers que l'on arpente. Les personnages nous reconnaissent, nous interpellent, nous dénoncent ; chacun a sa propre personnalité. La traduction française est épatante, digne d'une grande production, et ce jeu reste une grande production. Il aida, je pense, à populariser en Europe le courant du jeu d' "action-exploration", soit un jeu liant à la fois des phases de combat éprouvantes, se résumant à trouver l'unique point faible de l'adversaire, et des phases d'exploration intriguantes, les palais deviennent progressivement de vrais dédales, où il convient de jouer avec les étages (en faisant tomber un bloc d'un étage à l'autre, par exemple, permettant de maintenir activé un interrupteur etc.) ou  d'explorer toutes les possibilités pour espérer tout découvrir.

   De même, le nombre de secrets à découvrir, de grottes écartées, de coffres à ouvrir, d'objets à récupérer est tout bonnement gigantesque, et moi-même, malgré tout, je pense ne pas avoir vu tout ce qu'il  y avait à voir dans ce jeu. À chaque partie je trouve quelque chose de neuf... c'est, je crois, un des rares jeux du genre qui me fit cette impression-là, celle de jouer à chaque fois à un autre épisode quand je lance la console.

   Pour conclure, disons enfin que je me suis fendu d'une novellisation, maladroite certes, mais existante, du jeu. On pourra la trouver ici.

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