Le sens de la gravité (2009, Les Fatals Picards)

Publié le par GouxMathieu

http://www.italiq-expos.com/breves/images/Musique/fatals-picards.jpg   Un peu de musique française, car je me suis aperçu que j'ai souvent vogué outre-atlantique ces derniers temps. Étant en pleine cure "française", me regardant des films de Lautner, m'extasiant devant Lino Ventura ou Gabin, mangeant du cassoulet. Et, en matière de musique également : Gainsbourg, Bashung, Renaud... Des valeurs sûres que j'avais mises de côté, pour ne je ne sais quelle raison. Mais, je me pose cependant en faux contre ceux qui disent, des trémolos dans la voix, que rien de bien ne s'est fait en chanson à textes depuis trente ans. Il y a, du moins pour moi, les Fatals Picards.

 

   Lorsque je les écoute, il me semble revenir non pas aux ères Renaud, Brassens ou Aufray, même s'ils leur doivent beaucoup bien évidemment, mais davantage à celle de Boris Vian ou encore de Bruant. Il y a en effet, dans leurs chansons souvent, une retenue pudique dira-t-on, mais surtout l'amour du beau mot, du beau verbe, la lutte permanente contre la facilité de la vulgarité ou de la grossièreté. Les génuflexions langagières et les circonvulutions lexicales prennent le pas sur le dictionnaire de rimes, les images sont belles, parlantes, frappantes.

   Bien entendu, l'on pourrait arguer que le contenu de ces images fleure la gauche "front populaire", mais j'aime à croire que cela est sincère, et non arriviste. Pour un peu, on se croirait dans le discours de Gabin dans Le président de Verneuil : quelque chose qui semble, de prime abord, suranné parce qu'il assène, sans sourciller, des vérités intemporelles voire des truismes, mais qui demeure incroyablement puissant car s'affranchissant de la subtilité qui, Montaigne déjà le disait, est l'ami du vice.

   Aussi, Les Fatals Picards, c'est un peu de ça : de la franchise, de l'humour enlevé, tantôt tendre, tantôt désabusé ou imbibé, et des refrains qui restent dans la tête.

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   Maintenant, pourquoi avoir choisi ce récent album ? Pour, au moins, trois raisons.

   La première, pour montrer que, non, ce n'est pas parce que quelque chose est récent, voire, on ne peut plus contemporain, qu'il faut nécessairement faire la fine bouche.

   La seconde, car l'album est devenu célèbre à cause de la chanson "La mort de Johnny", eulogie à la gloire de l'idole des jeunes. qui fut retirée de la galette finale sur demande du distributeur, alors que la chanson, comme on peut l'entendre maintenant sur Internet, est un vibrant hommage, bien moins acide qu'on aurait pu le croire.

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   Enfin, cet album contient le titre "Mon père était tellement de gauche", chanson d'une rare tendresse et d'un humour véritable qui parvient toujours à m'arracher quelques larmes.

   Une découverte récente, mais que je tenais à faire partager.

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