Back in the World of Adventures (1995, The Flower Kings)

Publié le par GouxMathieu

   J'ai déjà eu l'occasion, par le passé, de parler de mon amour pour le rock dit "progressif", en évoquant Magma, par exemple, ou Guru Guru. Ce que j'aime particulièrement dans ce courant, quand bien même retrouverait-on cela ailleurs, c'est la faculté de ces artistes à créer des univers complets et complexes, qui n'ont rien à envier aux plus belles fictions.

 

   J'ai connu, jadis, ce groupe suédois par l'intermédiaire d'un ancien voisin de mon studio étudiant, dont j'ai peut-être déjà parlé ici. Celui-ci, grand amateur de rock'n roll et de rock progressif en particulier, m'initia à cet univers particulier dont je n'avais alors qu'une vague connaissance. Je m'y plongeais avec une curiosité et une envie souvent renouvelées, et encore maintenant je ne m'en éloigne point.

   The Flower Kings est, vraisemblablement et nonobstant sa riche production (treize albums studio, des tournées, et ainsi de suite), peu connu du grand public. Fréquenté par les curieux et les habitués, certes ; mais je n'ai jamais, je crois, rencontré quiconque les connaissant autour de moi, ni entendu un morceau dans un lieu public, même parmi ceux qui se piquent d'étrangetés, de Blue Öyster Cult et de Strawberry Alarm Clock.

   La couleur, alors, que j'associe le plus volontiers à ce groupe en appelle à la logique du conte de fée, du mythe, de ces grandes épopées et de ces belles aventures, auxquels renvoie directement le nom de ce premier album. C'est le monde des rois sages et bienveillants, aux sceptres chevauchés d'une sphère symbolisant le ciel, ou d'une main ouverte vers l'univers ; des magiciennes lisant la nature en parlant aux lions ; des garçons retirant des épées des rochers, et des filles s'habillant d'armures pour trouver des trésors millénaires.

   Ce que j'aime, particulièrement, encore, c'est l'idée que cet univers n'est pas moralisant, qu'il ne cherche pas particulièrement à m'apprendre quoi que ce soit. Certes, son parcours peut effectivement être édifiant ; je peux en tirer des leçons, des apprentissages ; mais c'est davantage, ici, mon interprétation, ma lecture, qu'autre chose. Alors, je m'autorise à voguer ici comme en touriste, m'émerveillant de ceci, m'arrêtant sur cela, comparant les formes et les couleurs et sentir cette tranquillité m'envahir doucement.

   Certes, j'aime à apprendre, et j'aime à comprendre ; je me sens volontiers prométhéen, et rien ne me plaît davantage que d'appréhender un nouveau domaine de connaissance et de rentrer dans sa logique propre. Mais j'apprécie également ces moments de tranquille douceur, ces zéphyrs caressants sur mes joues, ce soleil vernal qui illumine sans brûler. Parfois, il est tendre de se reposer, non pour mieux reprendre, mais pour le plaisir de le faire.

   The Flower Kings, pour moi, c'est tout cela. C'est une traversée pastorale, un récit que je suis comme une tapisserie, parfaitement étranger et observateur, quiet, voyant le lever des lunes et la chute des nuages, une chronique d'un temps passé ou imaginaire aux contours vivants et colorés. C'est une musique de coton et de soie : et il est bon de s'ensommeiller sur ces rythmes lents.

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