In the Future (2008, Black Mountain)
Il y a quelque chose, dans le rock'n roll, qui me retient toujours. Je ne peux expliquer particulièrement quoi : mais j'y reviens encore et encore, sous quelque variation que ce soit. Et même si je reste accroché à des classiques, des maîtres, des maîtresses et des dieux, mon oreille est toujours désireuse de connaître davantage. Black Mountain, récente formation de Vancouver, fait partie ces jours-ci de mes nouveautés favorites.
N'en déplaise à Kundera, qui reprochait au rock de reproduire les battements de notre coeur et de rappeler notre propre mortalité, au regard, par exemple, de la musique classique, je ne trouve rien de plus vivant ici. Certes, le rythme est sans doute davantage marqué qu'ailleurs, y compris chez le blues qui l'a vu historiquement naître ; mais la fureur, l'énergie, l'enthousiasme rend la chevauchée bien plus appréciable.
J'ai connu Black Mountain par l'intermédiaire du forum du site grospixels.com, auquel je collabore depuis. Un membre de l'équipe, mien ami, en avait fait l'éloge, particulièrement de l'album que j'évoque ici et qui demeure, de la petite poignée qu'ils ont produits, mon préféré ; sa jaquette géométrique me plaisait déjà ; le son m'intéressa bien davantage, et j'aime à le faire découvrir autour de moi dès que j'en ai l'occasion.
Il y a ici quelque chose qui tend vers l'expérimental et le progressif, et on saura à quel point j'aime ces mouvances ; mais également quelque chose de psychédélique, me renvoyant aux belles heures qui de Zappa, qui des Beatles, qui des autres, quelque chose des années 60 et 70 que je pense encore être le période de tout ce que le genre peut nous offrir. Le voyage ne sera pas que nostalgique, cependant, et les symphonies sont résolument contemporaines : et c'est dans ce clair-obscur, dans cette temporalité métissée que j'aime à me perdre.
Le groupe a, ce me semble et à ce que je crois comprendre, un petit succès d'estime, critique comme populaire, parfois entend-on de leurs compositions dans tel film ou telle série, parfois grimpent-ils, plus péniblement que d'autres certes, dans les classements et l'une ou l'autre récompense leur est offerte. Je ne crierai point ici à l'imposture, ni à l'injustice : malgré toute la sympathie que je puis avoir pour ces artistes, je reconnais volontiers qu'il leur manque encore un peu de pourpre, un peu de rigueur et de mieux cheviller leur art. Bientôt, peut-être : mais avant cela, si cela n'arrive jamais, je reviens à In the Future, qui sonne comme une promesse de succès à venir mais qui est, pour moi, un plaisir présent.
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