Rainwave (2006, Robert "LiquidRain" McAuley)

   La musique vidéoludique, comme je l'ai souvent dit, m'accompagne autant que la musique "traditionnelle", peut-on dire. Le plaisir de Rainwave est, ainsi, immense : et j'y reviens toujours.

   Je n'avais jamais été grand amateur de radio, avant l'Internet. Il doit y avoir quelque chose de générationnel, car mon frère de dix ans mon aîné est grand amateur de celle-ci : mais je n'écoutais pas franchement la chose auparavant, si ce n'est lors des voyages en voiture. Évidemment, les stations ne passaient guère mes chansons préférées, même les spécialisées ; je découvrais certes parfois des perles, mais cela m'alassait souvent.

   Puis, les webradio vinrent. Non seulement le choix était bien plus riche, mais surtout, les aspects communautaires, comme on le dit, favorisaient la direction que prenait la collection, en sélectionnant un sous-genre, un ou une artiste, une époque, un style. Rainwave, découvert que tout récemment malgré sa haute hérédité, est la providence faite bip-boup.

   Cette webradio libre propose ainsi une collection multiple de musiques vidéoludiques, et les visiteurs peuvent facilement s'inscrire et voter pour leur piste favorite, qui viendra dès lors à l'antenne. Tout est libre et transparent, on peut facilement — et je m'y suis amusé jadis ! — introduire les données json ou différents plugins sur des Raspberry Pi, sur des lives Twitch, dans des programmes divers. En ces âges de privatisation, à marche forcée le plus souvent, d'internet, il est rassurant de voir que ce type de projet encore existe.

   La philosophie du site est proprement extraordinaire, il est rare d'avoir accès à autant de données, et à autant d'informations, sur un site comme celui-ci : et même si la majorité des visiteuses et des visiteurs, je le présume, ne toucheront jamais à ses fonctionnalités, il m'a été agréable d'avoir autant de documentation et d'options pour paramétrer son expérience le plus complètement possible.

   La sélection, de même, m'est extraordinaire. On y trouve, sans surprise particulière, des musiques originales, issues généralement de la période 32-bits et plus tard ; des reprises, avec une section dédiée à OcRemix, dont j'ai eu déjà l'occasion de parler et qui est, en la matière, le site le plus connu du genre ; et puis, à mon grand plaisir, une section "chiptune" qui renvoie, en vérité, à l'aire vidéoludique s'échelonnant des débuts du genre jusqu'à la fin des années 1980, période où la révolution technique améliorant notoirement la qualité des chipsets sonores des consoles, où le support CD s'imposa partout ailleurs.

   Ces "bip-bip" peuvent paraître frustres à nombre : je les adore. Il y a une ingéniosité extraordinaire dans ces pistes, qui me les rendent bizarrement anachroniques : la scène électronique convoquera les mêmes sons, des décades plus tard, pour ses expérimentations, et j'ai découvert des jeux et des compositeurs, les frères Follin par excellence, que je connaissais encore que peu. Je complète ainsi ma connaissance d'un média que je suis depuis longtemps, et donc je pense pouvoir me dire spécialiste : mais il y a toujours plus de choses à connaître.