Le Combat Ordinaire (2003 - 2008, Manu Larcenet)

Publié le par MTF

 http://gouxmathieu.free.fr/RessourceImages/Cordiico.jpg Il y a des jours, comme ça. Où une rencontre inopinée peut soudainement apporter une joie ineffable, sans qu'on ne sache précisément pourquoi. Je ne me souviens pourtant pas qu'il faisait beau ce jour précis, ni même que j'étais particulièrement de bonne humeur. Je me baladais, nonchalant, dans les rayons d'un quelconque magasin de grande distribution ; je vis un tome posé là, en tête de gondole. Je connaissais Larcenet de loin, j'aimais son style. Je tentai l'aventure.
 
 
 
 

   Je me suis avalé tous les tomes en moins de temps qu'il n'en fallait pour le dire.

   Le thème du Combat Ordinaire tient dans son seul titre : affronter les vicissitudes de l'existence, vivre cahin-caha, entre son frère, sa petite amie, son chat, ses parents ; continuer d'exercer son activité  professionnelle, ou bien passer à autre chose ; contempler le soir ou bien enlacer une femme. Rien de plus. Et c'est précisément dans ce "rien de plus" que tout se joue. Au travers de péripéties qui n'ont rien de grandiloquentes, on suit la vie de Marco, affronter autant que faire se peut tout ce qui lui tombe sur la  gueule, les bonheurs comme les malheurs. On a accès à ses pensées, au cours d'une page remarquablement dessinée, où il revient sur son enfance, sur l'instant présent, sur l'avenir. L'histoire est  prodigieusement bien découpée. On dit ce qu'il faut, on sait trouver les mots qu'il faut. Savoir raconter une histoire complexe, avec tant de personnalités, de vécus, d'opinions, en quelques images et deux  mots, c'est plus que du talent. Cela relève du génie pur et simple.

   J'ai entendu des critiques taxer l'oeuvre de "bobo". Pourquoi pas. Je me dispenserai d'y mettre une quelconque étiquette, je la prends comme je le désire, j'y ai lu une infinie douceur, et des mots qui tournent dans ma tête en boucle. Je ne les partagerai point : ils m'appartiennent. M'avoir offert tant de plaisir, ça ne se remercie que du bout des lèvres. Et ça fait l'humilité.

   Je m'aperçois que je ne saurai raconter plus sur cette histoire que le commencement : Marco souffre de violentes crises d'angoisse, et change de psychanaliste. Il visite son frère cadet, ses parents,  s'interroge sur son métier de photographe. Lassé d'être reporter de guerre, il veut faire "autre chose". Mais quoi ? À partir de ce canevas, fin comme du papier à cigarettes, les choses se dénouent doucement. Je ne peux en dire plus : je gâcherai la surprise. Une BD introspective comme cela, personnelle, et parce qu'elle est personnelle nous touche au plus profond de nous, ne peut se raconter avec des mots. Il faut lire, et apprécier sa lecture. Je conçois que tous n'aimeront pas. Pour ma part, j'ai adoré.

   Est-ce que cela ne méritait pas un petit billet ?

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