Le Marsupilami (1987 - en cours, divers)

Publié le par GouxMathieu

   J'ai découvert la série des Spirou et Fantasio, à l'époque, de façon désorganisée : je prenais un album, puis l'autre, comme je les trouvais. Si ce n'était quelques dyades, ce n'était pas dérangeant. De loin en loin, apparaissait le Marsupilami, cet animal fantasque aux mille pouvoirs ; je l'aimais beaucoup, comme d'autres.

 

 

   Aussi, lorsque je vis une série le mettant exclusivement en jeu - du moins, l'un des représentants de l'espèce ; on saura que ce n'est pas le même individu qui aide le groom dans ses aventures -, je ne pouvais faire autrement que de l'explorer. Cette série elle-même connut plusieurs vies, il y avait une séquentialité que l'on pouvait trouver dans certains personnages secondaires, certains événements ; je m'en déportais cependant.

   Je m'en déportais, car le Marsupilami, en qualité de personnage ici, est éminemment sympathique, peut-être le plus sympathique que je puis trouver dans l'histoire de la bande dessinée, et j'aimais mieux le retrouver lui que de me préoccuper de tout le reste. Il est intelligent ; facétieux ; fort ; honnête et droit, si tant est qu'on puisse lui prêter ses qualités. Peut-être n'a-t-il, comme tout défaut, qu'un penchant à la paresse ou à la goinfrerie : mais même digérant, il reste un allié exceptionnel.

   D'ailleurs, il a presque quelque chose d'un super-héros voire, et dans le sens propre du terme, d'une "force de la nature". Par sa puissance colossale, comme il est capable d'arracher des arbres à mains nues et de bondir à plusieurs mètres de haut, par son intelligence sur-humaine, par ses propriétés physiques remarquables (il peut reproduire la voix humaine, il est amphibie, il peut jeûner plusieurs jours durant, etc.), on gagne à le rapprocher moins d'un héros, que d'une divinité : c'est Zeus, c'est Hadès, non en tant que personnages, mais comme métaphores de la tempête ou de la mort.

   Alors, le Marsupilami n'est pas seulement un animal ; c'est la nature luxuriante, intouchée, mystérieuse, cruelle parfois, mais révélatrice de cet âge d'or naturel que l'on connaît bien. Un grand nombre d'histoires se fonde sur le contact entre la forêt vierge et les humains, qui veulent la détruire ou l'explorer, et se heurtent au danger inhérent aux plantes et aux maladies mais également et enfin au Marsupilami, dernière ligne de défense de cet univers hostile.

   Cette série est cependant, et plus que d'autres, particulièrement irrégulière, instable dans ses qualités. Si les premières histoires, du chef de Franquin lui-même, transpiraient de son style si plaisant, les suivantes sont souvent plus incertaines, faciles, décevantes. Il est toujours agréable de retrouver ce personnage, ses frasques et ses fourberies toujours contentent : mais on appréciera davantage le picorage que la constance, et on saura s'arrêter au moment voulu pour éviter l'indigestion.

   Si le Marsupilami fait partie des grands noms de la bande dessinée franco-belge, et si j'apprécie toujours de le retrouver ci et là, je reconnais que la série qui le consacre est loin d'égaler ses morceaux de bravoure en compagnie de Spirou, les Pirates du Silence et les QRN sur Bretzelburg ; mais il y a de bonnes idées, les petits du Marsupilami sont trognons, son visage bonhomme me fait toujours rire. J'y reviens par ennui, j'en sors par dépit : et entre temps, je bondis de joie.

 

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