Le Chanteur (1978, Daniel Balavoine)

Publié le par GouxMathieu

   Je quitte et je reviens à la chanson française périodiquement. Elle demeure indissociable de mon enfance, comme mes parents et mon frères n'écoutaient que cela ou presque ; y retourner, pour moi, c'est être pris d'une bouffée nostalgique. L'une des plus lointaines, c'est cet album de Daniel Balavoine.

 

   Les aventures de Simon..., dont j'avais parlé il y a dix ans maintenant (comme le temps passe !) est peut-être l'un des concept-albums que je préfère, mais Le Chanteur est sans doute l'un des plus réussis malgré tout. On lui doit cette fameuse chanson, que j'aimais absolument quand j'étais petit et que je chantais à tue-tête, sans comprendre encore tout à fait le sens de ses couplets ; "Lucie", que je fredonne encore ; "Les oiseaux" surtout, cette œuvre en deux parties qui fut l'un de premiers contacts avec le rock progressif, et on sait comme j'aime cela.

   En réécoutant cet album, je m'aperçus vraiment de la mélancolie générale qui habite ces dix pistes. Il est vrai qu'il s'agissait là de l'album "de la dernière chance", que s'il ne marchait pas, l'artiste abandonnait : l'histoire et le public en décidèrent autrement. Il est d'ailleurs curieux que "Le chanteur", qui fut un énorme succès populaire, soit l'une des plus tristes et des plus sincères : on ne saurait nous accuser de légèreté, nous qui comprenons la souffrance et la douleur de nos semblables.

   Les autres pistes, bien que très réussies en elles-mêmes, sont sans doute plus diluées dans l'esprit du temps : "France" est sans doute la plus atypique, même si je reviens à ses sonorités propres aux années 70 ; "C'est un voyou" me glisse de l'esprit, je la vois à présent comme un brouillon de ce qu'on aura dans Starmania ; le reste est assez irrégulier. L'instrumentation est recommandable, il faut le noter ; on voyait déjà cet amour de la musique britannique, des sonorités proches des Bowie ou des Glover ; mais les paroles et l'univers de la chanson sont encore incertains.

   Cela rend dès lors cette poignée de pistes réussies d'autant plus fortes, par contraste : c'est la clairvoyance du génie et du furor, au milieu de quelque chose de plus plat, de plus "commercial" presque, dirait-on, de plus négligeable et qui est d'ailleurs négligée aujourd'hui, quand on fait le compte de la carrière. La crème remonte toujours, dit le proverbe : et même si Le Chanteur n'est pas mon album favori de Balavoine, c'est celui qui me propose les chansons que j'aime le plus. 

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