Ludographie Comparée (Radio01.net)

Publié le par GouxMathieu

   Je vais sans doute me haïr mais, j'avoue, pour plusieurs raisons, ne pas avoir l'énergie ici et maintenant pour mener une analyse particulière sur une œuvre comme je le fais d'ordinaire. De fait, je vais en profiter pour promouvoir l'un de mes travaux personnels traitant de jeu vidéo, Ludographie Comparée sur le site de podcast libre Radio01.net.

 

   L'un de mes grands plaisirs, c'est de tracer des ponts là où il n'en existe aucun. Entre le grand et le bas ; le soutenu et le populaire ; l'intelligence et la bêtise ; le noir et le blanc. J'ai beau être un rien manichéen, comme tout un chacun sans doute, le clair-obscur, le chien et le loup, l'aurore et le crépuscule me plaisent énormément.

   Si vous me demandez, aujourd'hui et au détour d'un verre, quel est mon métier, je répondrai, sans coup férir, "auteur". Mon travail ne consiste jamais qu'à cela, écrire. J'ai commencé par écrire des romans, des nouvelles, des essais, et je les ai édités ; j'ai ensuite écrit pour l'Université, des dissertations, des exposés, à présent des thèses, des conférences et des articles scientifiques ; j'ai enfin écrit sur le jeu vidéo, sur plusieurs sites que vous trouverez dans la colonne de droite.

   Aussi, j'avais cherché autant que faire se peut de réunir ces projets afin d'en faire un et un seul, et si je n'ai su aujourd'hui concilier parfaitement les trois, le résultat obtenu, deux à deux, est des plus intéressants : en associant écriture et jeu vidéo, j'ai composé des "fan-fictions", des scénarios de jeu, d'autres choses encore ; en associant écriture et université, je mène un travail de thèse sur la langue elle-même, sa pratique et ses mécanismes, ses secrets ; enfin, en associant jeu vidéo et université, j'ai réussi à mener le projet Ludographie Comparée.

   S'il fallait expliquer en termes choisis l'objet de l'émission, je dirai que je fais ici de la sémiotique ou de l'herméneutique vidéoludique, discipline dont je me targue d'être l'un des créateurs.

   S'il fallait expliquer en termes moins choisis l'objet de l'émission, je dirai que je fais ici de la rétro-ingénierie, partant de ce qui est visible pour remonter vers l'invisible et percer, comme disait Cicéron, la cause secrète des choses.

   Enfin, si je devais l'expliquer à ma grand-mère, je dirais que ça parle de jeu vidéo. Mais cette émission n'en fait pas l'histoire : d'autres (dont Grospixels) le font mieux que moi) ; elle n'en fait pas l'actualité, car ce n'est pas mon métier ; elle n'en relève pas les errements, les égarements et les oublis, c'est ce que je fais sur Zeplayer (qui se remet, au fur et à mesure, de ses derniers problèmes).

    Elle prend le pari, qui est aussi un parti-pris, de prendre le jeu vidéo non pour de l'art mais pour un média à part entière et, comme tous les médias, de considérer qu'il peut être analysé en et pour lui-même, et non mis en lien avec la sociologie, la psychologie, l'informatique. Je le prends ici comme l'une des multiples formes de l'expression humaine dans toute son inénarrable complexité et je prétends, pompier, l'analyser.

Voir ici et ici pour ce jeu en particulier. Ici pour l'émission.

   Pour ce faire, voici ma démarche : je choisis un jeu, parmi ceux que j'apprécie et que je prétends bien connaître ; et, dans ce jeu, je choisis un élément, un détail, et je l'étudie. J'en fais la description la plus minutieuse possible : et je cherche le problème que cet élément est censé résoudre. Ce que j'observe, c'est une solution : et je remonte à la raison pour laquelle les développeurs ont choisi de l'inclure, quand bien même cela serait-il à un niveau préconscient ou inconscient.

   J'ai, pour reprendre une célèbre formule, "un crime sans victime" et je cherche le futur cadavre.

   Le reste, le vocabulaire, les termes de signes, de syntaxe, de diégèse etc. ne sont, finalement, que des réflexes d'universitaires mais il ne faut pas, et j'espère atteindre un équilibre, se braquer sur eux : c'est l'arbre qui cache la forêt.

   En étant parfaitement conscient de mon orgueil, et pourtant ceux qui me connaissent savent que je reste un grand modeste, j'ose ici citer Rousseau : "Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur." Et le mieux, pour s'en rendre compte, est encore d'écouter mes travaux.

   La question reste, cependant : à qui s'adresse cette émission ?

   À tous : à ceux qui s'intéressent au jeu vidéo, et qui aimeraient les voir, les lire, les jouer d'une autre façon ; et à ceux qui s'en désintéressent, peut-être verront-ils qu'il y a davantage, ici, qu'histoires simplexes et violence gratuite.

   Il y a aussi de l'Homme, comme dans tout ce que l'Homme fait.

   

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