Freakazoid! (1995-1997, Bruce Timm & Paul Dini)

Publié le par GouxMathieu

   Comme j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, je suis un enfant de la télévision : c'était, dans ma famille, notre source de distraction et de culture privilégiée. Je m'en suis éloigné depuis, mais ces années de formation m'ont fait connaître nombre de curiosités, dont ce Freakazoid!, aussi court qu'intense.

 

   Avec les dessins animés japonais et les productions européennes, les cartoons étasuniens étaient mes favoris. J'ai grandi avec Ça cartoon et Décode pas Bunny et la voix de Philippe Dana, Daffy Duck et Tom & Jerry ; mon humour et mon goût des enclumes en témoignent. Les Animaniacs me fascinaient aussi beaucoup, dans leur modernisation du genre ; mais Freakzoid! fut l'un de mes grands coups de cœur. La série, pilotée par Steven Spielberg, faisait précisément le lien entre les frères (et la sœur) Warner et les séries de super-héros dont s'occupera le studio, Superman et Justice League.

   La série est particulièrement courte, vingt-quatre épisodes à peine, mais elle laissait une impression intense. Ce super-héros déjanté, d'un humour lunaire alternant entre la parodie, la farce et les Monty Pythons était proprement inédit dans le paysage jeunesse du temps : en revoyant les épisodes à l'âge adulte, je me suis aperçu du nombre indécent de croquignoleries, hélas parfois perdues en français, qui auraient fait rougir sa mère si elle les avaient entendues.

   Il y avait également, dans la série, comme une tendresse particulière pour une sorte d'individus desquels je me réclamais déjà, et qu'on aura appelé les nerds. Ces gens, perpétuellement vissés sur leur clavier d'ordinateur, amateur de science-fiction et de fantastique, étaient comme en décalage avec le reste de la société. Dexter, l'alter-ego de Freakazoid, est un garçon timide et timoré, qui peine à s'installer dans la société humaine. Heureusement, le pyjama écarlate viendra lui offrir ce qu'il ne possède pas, même si chaotiquement.

   Car Freakazoid n'est point un super-héros "comme les autres". Déluré et psychotique, il faisait souvent penser au Mask (dans la version de Jim Carrey, cependant), et ses pouvoirs attendus, super-vitesse, super-force et tout le toutim, n'étaient rien en comparaison de sa faculté de se déformer, de faire surgir des maillets géants de ses poches ou de rendre fou le moindre de ses opposants.

   La série, à ce que j'ai cru comprendre, a eu un assez bon succès d'estime et critique, mais décision fut prise de couper court cependant : les scores d'audience étaient poussifs, et la série, qui en imposait dans son animation et son écriture, coutait trop cher à produire. Elle rejoignit dès lors la cohorte des œuvres cultes, dont le succès se mesure moins à leur longévité qu'à leur influence : et de loin, Freakazoid! peine à sortir définitivement de mon crâne.

   Par ma vie, il est des tables de multiplication que j'ai oubliées ; qu'on me demande les grands fleuves de France, je panique ; parfois, en entrant dans ma cuisine, j'oublie ce que je venais y faire. Mais à toute heure du jour ou de la nuit, les premières notes du générique me reviennent, et je le connais encore par cœur : il y a des choses, comme ça, qui vous marquent éternellement.

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L
Eh bien eh bien, je suis venue voir si tu continuais ton blog et on dirait bien que oui, quelle longévité !
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G
Eh oui, j'aime être constant ^^