Koji Kondo (né en 1961)

Publié le par GouxMathieu

   Je l'ai déjà dit ailleurs : la musique de jeu vidéo reste de la musique. Contrairement à d'autres, je ne suis point rentré là-dedans par quelques opéras ou compositeurs classiques et si, rapidement, j'ai su connaître qui Renaud, qui Brassens, qui les Beatles ou Dio, c'est avant tout par les jeux vidéo, une autre forme d'art total, que je fis mes gammes.

 

   Étant surtout un joueur des consoles Nintendo, c'est rapidement le nom de Koji Kondo que je connus le premier. Je fus, comme beaucoup, de ceux qui vibrèrent de ses mélodies, fussent-elles limitées avec la Nes et Super Mario Bros., ou plus harmonieuses avec Super Mario Galaxy 2 et les jeux plus récents encore. Je ne saurai dissocier, à présent, la puissance du gameplay ou de l'histoire du plombier, de l'elfe ou des autres, des ritournelles, devenues classiques à présent, composées par ce créateur de génie.

   L'on saura que les contraintes exacerbent la créativité : il en est de même ici, et jamais ne fut-il aussi génial, ce compositeur, que lorsque la console ne brillait guère musicalement et qu'il était contraint de réviser la taille de cela, la musique de ceci. On dira ce que l'on voudra : mais il est des jingles qui, parce que brefs, sont bien plus chantonnés que les grandes harmonies des salles de concert. On pourra s'en plaindre et le regretter, tout comme je puis moi-même m'en plaindre et le regretter : mais il nous faut cependant l'admettre et admettre, comme un autre disait, qu'il y a des trésors partout.

   L'on pourra aussi s'amuser ici à voir des lignes de force, à saisir l'étymon spirituel des milliers de pistes qu'il a pu composer, un grand nombre étant, avouons-le, des reprises d'anciennes. Il est quelque chose de l'ordre du jazz et du big band ici, et on sait mon amour de la chose : c'est encore là où il brille le mieux. Il y a cette façon dont la musique de Koji Kondo, et il suffit d'écouter ses travaux les plus récents, notamment dans la série des Paper Mario, pour s'en convaincre : cela ne fait pas que sautiller, cela sautille de cuivres et de caisses claires, de trombones ; cela ne fait pas qu'inquiéter, les cordes se disputent au clairon ; cela ne fait pas qu'apeurer, il y a à présent du piano et du triangle, la ritournelle, légère, ne tombe jamais totalement et se relève pourtant.

   Sans doute, pour cela, une musique créée, ou chapeautée, par Koji Kondo est immédiatement reconnaissable. Les compositeurs de talent ne manquent pas dans ce média et ils sont, j'en suis heureux, de plus en plus reconnus. Mais celui-ci, parce qu'il fut l'un des premiers d'influence, est peut-être encore le plus cité. Il donne volontiers Ravel en inspiration, mais aussi le punk et le garage rock : il n'est pas anodin qu'un personnage de l'écurie Mario s'appelle Iggy Koopa, en hommage à un autre Iggy, petit prince de la "Pop" quant à lui.

   Comme souvent, je me retrouve dépourvu pour parler de musique ainsi, l'œuvre est immense, les mots me manquent : aussi ne vais-je que proposer une collection de certaines de mes pistes favorites en espérant, comme moi, que vous serez heureux de les entendre. Dans l'ordre :

   - À tout seigneur, tout honneur : voilà le thème original de Super Mario Bros., première piste de musique que je me rappelle avoir un jour entendue. On appréciera le flottant de sa mélodie malgré le grésillement d'époque, qui me renvoie plus de vingt ans en arrière.

   - La "Ballade du Poisson-Rêve" de The Legend of Zelda: Link's Awakening. Cette piste m'aura fait rêver des nuits durant : à l'entendre encore, je me sens transporté dans un autre monde loin, bien loin de tout ce qui peut me sembler, faussement bien sûr, nécessaire et important.

   - Faisons avancer la technologie : "Bowser's Road", de Super Mario 64, est la première tentative d'offrir à l'adversaire attitré du plombier une orchestration digne de sa méchanceté. Cette marche mélange des éléments étrangement orientaux à une urgence perceptible, ce qui sied incroyablement bien pour terminer une aventure aussi riche que celle-ci.

   - Le "Temple de Pierre" de The Legend of Zelda: Majora's Mask est d'une déprime que je peine encore à qualifier. Sur un petit air de flûte, des voix profondes s'élèvent comme surgies des enfers, et l'écho nous fait perdre tout sens commun. J'étais terrifié par ces notes jadis ; et encore aujourd'hui ne suis-je jamais rassuré lorsque vient le moment d'affronter cette épreuve.

   - Terminons par l'une de mes dernières découvertes. Paper Mario: Sticker Star est un jeu honnête, perfectible mais qui se démarque par le grand soin donné à ses musiques. "Glooper Blooper", l'un des patrons du jeu, s'accompagne d'un air d'inspiration mexicaine, battant la mesure en diable. Une très belle piste, assurément !

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