Prehistorik Man (1995, Titus)

Publié le par GouxMathieu

   Du jeu vidéo, j'aime beaucoup de choses, et j'aime beaucoup de genres. C'est néanmoins à la plate-forme que je reviens le plus régulièrement : il y a une immédiateté dans cette forme, une légèreté dans son concept, qui me plaît beaucoup. Je connais les grands noms, j'en ai parlé ici ; mais j'ai aussi beaucoup pratiqué des jeux plus obscurs, dont celui-ci.

 

   En son temps, j'ignorais que Prehistorik Man était le dernier né d'une trilogie commencée jadis sur micro, et simplement connue sous le nom de Prehistorik (lien vers l'article de Grospixels). Titus, l'éditeur français à l'origine du projet, se distinguait alors occasionnellement, du moins sous nos latitudes, par des jeux à la réalisation exemplaire et au gameplay souvent fourbi : et Prehistorik Man ne fait guère exception à la règle.

   Le prétexte est ridicule, et c'est la marque du temps : dans un monde où hommes et femmes préhistoriques cohabitent avec les dinosaures, ces derniers font une razzia dans le garde-manger d'une tribu pacifique. L'hiver approchant, la situation est grave : le chef ordonne alors à Sam, leur plus farouche guerrier, de trouver le mythique cimetière des os tout en ramassant de la nourriture sur son chemin. À cette époque lointaine, l'os est la devise la plus employée parmi les humains : le cimetière permettrait d'amasser un pécule génial, et d'acheter tout ce que le ventre souhaite, voire davantage.

   Au-delà de ces préoccupations scénaristiques qui ne tromperont quiconque, le jeu est une petite pépite personnelle. La plate-forme est vivace, incisive, détonante ; l'action est sans ambiguïté, Sam jouant de la massue comme personne quand il ne troque pas son arsenal contre des lances ou des haches. Il arpente les jungles et les volcans à pied, en deltaplane ou en monocycle de pierre ; il affronte autant des lézards terribles que des tribus agressives, et finira, nous l'espérons tous, à atteindre l'objectif de son voyage.

   Le plus surprenant sans doute dans ce jeu, du moins, ce qui m'avait le plus surpris, c'était d'une part la musique, incroyable de justesse et d'énergie, d'autre part les graphismes, aux sprites délicieusement détaillés. Les boss notamment, certes peu nombreux, envahissent tout l'écran de jeu ; ils possèdent moult éléments mobiles, richement animés, et témoignent d'une certaine idée du jeu vidéo en deux dimensions qui disparut avant de renaître même si, temps allant, les choses ne seront jamais parfaitement les mêmes.

   Prehistorik Man pourtant, et malgré une réédition honnête quelques années plus tard, n'est pas des mieux connus malgré ses belles qualités. Trop unique, peut-être, trop étroit dans ses ambitions, trop classique dans son déroulement. D'autres, beaucoup plus orgueilleux, lui auront volé la vedette et ce notamment à une période où le jeu vidéo changeait de génération, et se dirigeait gentiment vers la 3D maladroite certes, mais terriblement aguicheuse.

   J'y reviens cependant de loin en loin, même si plus rarement, je le confesse, que ceux qui trustent les podiums universaux. Mais quand cette envie me prend, que j'enfonce une nouvelle fois la cartouche, comme je l'ai jadis tant fait, dans ma console de jeu, je passe une excellente après-midi, voire une excellente nuit : j'enrage, car le jeu reste délicat souvent, mais il en vaut bien la chandelle, comme le veut l'expression.

 

Commenter cet article