Ella Fitzgerald (1917-1996)

Publié le par GouxMathieu

   Ces derniers temps, et après m'en être éloigné pendant plusieurs mois, je reviens vers le blues, vers le swing, vers le jazz : hasard des listes de lecture et de l'humeur du moment. Plus spécifiquement, c'est Ella Fitzgerald que je réécoute, étant lassé des voix masculines en ces époques pluvieuses.

 

   Je l'aurai dit ailleurs : le jazz, par bien des endroits, est comme la musique classique du vingtième siècle. Je ne pourrais sans doute point parler de sa complexité, de sa mélodie, de son rythme : tout ce que je puis dire cependant, c'est que les effets qu'il produit en moi sont approchants, si ce n'est similaires. Cette légère envolée vers un éther calme, ce mouvement continu vers le lointain, ce repos qui se crée, enfin, dans mon cœur et dans mon âme : je l'aime.

   Le jazz ajouterait cependant, à ce que je puis connaître, une composante d'improvisation, une inventivité que l'on ne rencontre point dans la musique noble. Et dans ce domaine-là, Ella Fitzgerald est vraisemblablement la meilleure, du moins, la meilleure que je puis connaître.

   On saura, ou on apprendra, tous les enfants du jazz, ne serait-ce que le rock'n roll que j'aime profondément ; mais également le scat, dont la maternité doit beaucoup à cette chanteuse. Quand bien même n'aurait-elle point été historiquement sa créatrice, l'indissociable de ces vocalises avec son style, sa pratique, son génie, en donne une sorte d'hérédité manifeste que l'on ne peut jamais ignorer. Il faut alors, par exemple, l'écouter improviser une ode aux criquets, ou ajouter des syllabes délicieusement mélodiques sur "You'd be so nice to come home to", pour être convaincu de ce talent qui me sera à jamais inaccessible, et que je ne cesse pourtant d'admirer.

   Mais l'aporie que je puis ressentir en décrivant son œuvre ; l'incapacité de faire une analyse plus ou moins approfondie ; l'immobile de ma méthode, quand je puis être bien plus disert qui sur la littérature, qui sur le jeu vidéo ou le cinéma, ne me dérange pourtant nullement. J'accepte mon ignorance, j'ouvre grandes mes esgourdes : et j'écoute Madame Fitzegarld, qu'elle m'apprenne en me plaisant, comme elle me plaît déjà en m'apprenant.

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