Le Journal de Mickey (1934 - en cours, Unique Heritage Entertainment)

Publié le par GouxMathieu

   En parallèle du Journal de Spirou, ma mère m'achetait toujours le Journal de Mickey. Les deux sortaient le mercredi, c'était ma récréation de la semaine d'école ; et même si je préférais Spirou, je lisais assez la souris et les canards, avec grand plaisir.


 

   Il est vrai que le JdM, comme on l'appelle parfois, est d'une belle hérédité, c'est l'un des plus vieux, si ce n'est le plus vieux magazine jeunesse, et quasi ininterrompu. J'en ai retrouvé des anciens numéros chez mes grands-parents, tout poussiéreux du grenier où ils étaient ; mon frère de dix ans mon aîné en a encore dans ses placards. Moi, je les ai laissés chez mes parents, avec mes Spirou d'ailleurs : un jour peut-être je les récupèrerais.

   Au regard du groom, dont le magazine est une vitrine publicitaire des éditions Dupuis, le rôle du JdM me semblait plus ambigu. Certes, on y parlait des derniers dessins animés à la télévision, et des films et longs métrages d'animation du cinéma ; parfois, on interviewait un doubleur ou on montrait un brouillon ; mais les histoires étaient, sinon, plutôt diverses. Parfois du Donald, du Don Rosa ou du Carl Barks ; parfois les dessinateurs et dessinatrices italiennes ; parfois autre chose encore.

    Tout ne me plaisait pas, mais je picorais l'ensemble. C'est là que je découvris la mythologie de la souris et des autres, que je découvrais Géo Trouvetou, Donald Dingue ou Popop ; que je commençais à aimer les uns, et moins les autres ; l'ensemble était assez inégal, finalement, et même du haut de mes dix ou onze ans, je le savais. Je sentais déjà là qu'il y avait quelque chose qui "faisait faux", qu'on sentait les adultes derrière la plume, travaillant leur langue pour plaire aux gamins et aux gamines ; ça manquait de sincérité.

   Les couleurs étaient belles pourtant, ça se dévorait inoffensivement, paisiblement, une chose après l'autre. Entre deux planches de bandes dessinées, il y avait un publireportage sur les tigres asiatiques ou la grande barrière de corail, on me parlait de Mars et de Jupiter, il y avait parfois des blagues qui ne faisaient jamais rire. Je pense qu'il était difficile, parfois et pour les journalistes, de finir la maquette du numéro hebdomadaire.

   J'ai vieilli, ce qui est encore une chance et quand je me retrouve, comme cela m'arrive souvent, dans une gare, je flâne et je feuillette toujours quelques numéros de presse. Je ne l'achète plus vraiment, à part un journal d'actualité, un Fluide Glacial, autre chose. Mes yeux, parfois, sont attirés par Mickey.

   Ce sont les mêmes intrigues que jadis, je jurerais avoir déjà lu ces histoires des vingt ans auparavant. Peut-être a-t-on refait leurs couleurs, peut-être a-t-on retraduit une bulle : c'est toujours aussi inoffensif. Il y a des choses, comme ça, qui ne changent jamais.
 

 

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