The Lord of the Rings: The Fellowship of the Ring (2001, Peter Jackson)

Publié le par GouxMathieu

   Je n'ai jamais été un grand fanatique du Seigneur des Anneaux, des livres ou des films, ne serait-ce. En cinéma, je préfère des univers plus futuristes ; en littérature, je préfère encore le merveilleux au Moyen-Âge. Loin de moi l'idée d'ôter le moindre mérite à ces œuvres, magistrales sur bien des plans : et avant de parler, un jour, de Tolkien, parlons de la plus récente des adaptations filmiques.

 

   Avant The Fellowship of the Ring, qui fut pour l'anecdote le tout premier DVD que je n'eusse jamais possédé, je ne connaissais pas vraiment Peter Jackson. Braindead avait bien un peu circulé au collège en VHS, mais il me faudra quelques années de plus pour le voir réellement, et bien en profiter. Je n'avais également que parcouru les premiers chapitres du roman, et l'adolescent que j'étais s'alassait déjà de ces longues descriptions, de cette cosmogonie complexe à laquelle je n'entendais rien, de ces personnages auxquels j'avais peine à m'attacher.

   Néanmoins, et comme l'événement culturel du moment s'orientait vers cette adaptation, et que j'avais de plus un ami alors farouchement amoureux de la chose, je m'y risquais : et ce fut, me concernant, une véritable révélation tant et si bien que je poussai le vice jusqu'à acheter les coffrets "4 DVD", version longue et making of plus long encore, et à tout regarder maintes et maintes fois. 

   Cela surprendra peut-être, mais ce que j'aimais encore le plus ici, ce n'était pas tant le film en lui-même, ou son histoire. Certes, le sort tragique de Gandalf, dont la résurrection m'était inconnue, les mines de la Moria et leur bataille, cette séparation tragique d'une communauté échouant, tout cela m'avait éveillé les sens et m'avait plu ; mais si l'intérêt y était, la passion, quant à elle, ne se développait point. En revanche, en revanche, tous ces documentaires sur l'envers du décor ; les débuts du projet, les danses du ventre pour convaincre financiers et producteurs ; les storyboards, la construction des décors, le casting ; le tournage, la musique, les effets spéciaux, tout le reste encore... Tout cela est proprement fascinant.

   Ce n'est pas que je pensais, alors, les films comme incréés, mais j'étais comme loin de m'imaginer toute l'ampleur de la chose. On me dira qu'il s'agit là d'un cas particulier, l'ampleur du projet, la célébrité des acteurs, le budget, tout concorde à faire de The Fellowship..., et les autres épisodes de la trilogie par ailleurs, un film d'exception et loin de moi l'idée de contredire cette idée ; mais mutatis mutandis, tout un chacun saura le travail derrière chaque long et court-métrage, chaque web-video comme on le dit à présent. On peut parler de talent, on peut parler de soin apporté à ceci ou cela ; mais, ne serait-ce que parvenir à filmer un dialogue, faire en sorte qu'il soit audible une fois l'enregistrement repris, distinguer sans trop de peine les personnages, rien que cela, c'est une tâche herculéenne.

   On aura parlé "d'art total" pour l'opéra, on peut également rajouter le cinéma, bien volontiers, la télévision, le jeu vidéo même tant ces formes culturelles mélangent graphismes, musiques, poésie parfois, danse et que sais-je. Plus rarement entends-je dire qu'il s'agit d'arts collectifs, collectés même peut-être. Si la vision d'un seul souvent est à l'origine du projet, il faut bien à côté toute une équipe pour concrétiser l'inspiration. Certains se drapent dans leur force poétique, se réfugient dans le ciel des idées et ne dédaignent point regarder ce qu'il adviendra de leur création : le travail est fait. Les meilleurs, on le saura, transpirent et souffrent avec le moindre de leur figurant, rectifient à la volée, rallongent la route si l'autre idée leur paraît plus maligne que la première.

   Peter Jackson, et c'est du moins ainsi qu'il apparaît dans ces nombreux documentaires, est de cette dernière école. On le voit tantôt sur le plateau, marquant les lieux, étudiant les caméras et les angles de vue ; tantôt en repérages, en hélicoptère ou à pied, interrogeant les arbres et les rochers, les vieilles pierres qui lui serviront de décor ; on le voit encore en studio d'enregistrement, en salle de montage, évidemment lors de la promotion. À la fois homme-orchestre, hiérarque et rouage d'une machine le dépassant, il était fascinant de le voir agir, et il était fascinant de voir toutes les équipes interagir ensemble et avec lui.

   Étrangement, ce sera surtout cela que je retiendrai, alors, de The Fellowship of the Ring. Pourquoi spécialement celui-ci, et non les autres qui sont identiquement présentés ? Sans doute parce qu'il s'agit du premier, et partant pour moi le plus important dans ces problématiques ; parce qu'il s'agit de celui qui, du point de vue son histoire, me plaît le plus, avec son appel de l'aventure, sa campagne riante, son mystère intégral ; sans doute parce que je le veux. Et si le vouloir ne peut tout faire, ces making of le prouvant largement, il est comme un ressort propulsant le reste et lui donnant, finalement, sa saveur unique.

 

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